Le retour à la lumière d’un unique avion de record qui n’a jamais volé…
Dans les années 1930, la « compétition » aéronautique entre les nations passent notamment par des records de vitesse afin de mettre en avant l’excellence des productions nationales, prestige oblige. Au milieu des années 1930, le record est ainsi détenu par l’Allemagne, avec 610,5 km/h atteints en 1937 par un Messerschmitt 109V au moteur « amélioré » et sans armement. Sous la pression des milieux politiques, la société des Avions Caudron étudie un prototype motorisé par un Renault 12R de 900 ch pour reprendre ce record.
Extrapolé du C-712R, l’appareil va être désigné C-714R – une « tricherie » pour faire croire qu’il s’agit d’une simple évolution du chasseur C-714, « astuce » qui sera utilisée également par les Allemands pour leur Messerschmitt 209R, la propagande faisant croire à une modification d’un simple chasseur Me-109 de série, lors de son record de vitesse en 1938 avec 756 km/h.
Le bolide français est conçu sous la direction de Marcel Riffard, l’ingénieur et aérodynamicien connu pour la conception de plusieurs racers destinés aux coupes Deutsch de la Meurthe, organisées chaque année au départ de l’aérodrome d’Etampes-Mondésir avec un circuit triangulaire parcouru par les concurrents.
Le C-714R prend forme, avec son moteur installé sur le bâti mais le constructeur Heinkel va prendre de vitesse le projet Caudron-Renault en repoussant le record à 746 km/h le 30 mars 1939. Ce record sera à nouveau battu le 26 avril suivant par le Messerschmitt Me-209R avec 756 km/h. Quelques mois plus tard, le déclenchement de la Seconde Guerre mondiale met fin au projet d’avion de record signé Caudron-Renault, achevé à 60%.
Durant la guerre, l’appareil démonté est caché dans une cave des Champs-Elysées à Paris, propriété du constructeur automobile. A la Libération, pour faire croire à la relance de l’industrie aéronautique française, il est exposé après avoir été recouvert d’une couche de peinture bleue pas forcément conforme à celle utilisée pour bon nombre de racers Caudron.
Ce prototype va prendre le chemin du musée de l’Air, étant exposé au sommet d’un pylône dans les installations de Meudon avant d’arriver dans le hall des prototypes français lors que le musée de l’Air et de l’Espace déménagera au Bourget. Depuis des années, faute de place, il avait rejoint les réserves, caché dans l’un des hangars de Dugny, à l’abri des regards.
A l’occasion de l’exposition « Restaurer les avions du musée », cet unique prototype
– inachevé mais témoin d’un savoir-faire en matière d’aérodynamique à la fin des années 1930 en France – est à nouveau exposé, à côté de sa très courte voilure… ♦♦♦
Photos © aeroVFR.com