De l’évolution en sinusoïde des standards de formation des pilotes de ligne…
Dernièrement, la FAA américaine a attiré l’attention de l’OACI sur les lacunes de la formation des pilotes pouvant mettre des pilotes de ligne en difficulté car non préparés à piloter en manuel un appareil dont les automatismes viennent de tomber en panne. Ceci a été officiellement mentionné lors de la 40e assemblée de la commission technique de l’OACI, tenue en août dernier à Montréal.
Ce n’est pas la première fois que des experts de la sécurité attirent l’attention sur ce sujet, notant que lors de nombreux vols commerciaux, le pilote automatique est enclenché juste après le décollage et déconnecté juste avant l’atterrissage… S’il s’agit d’un vol long-courrier avec un pilote faisant le décollage, l’autre l’atterrissage, l’expérience en pilotage manuel sera quasi-inexistante au fil des rotations…
Si le problème n’est pas nouveau – faut-il mentionner l’accident de l’AF447 ? – deux accidents récents concernant le Boeing 737 Max témoignent de la non-adéquation entre la formation, les connaissances des pilotes et le pilotage d’un appareil dont les subtilités des automatismes n’ont pas été clairement explicitées ou lorsque ces automatismes ne sont plus opérationnels, obligeant l’équipage à innover ou à improviser dans les pires conditions…
Ainsi, la FAA – appuyée par les autorités du Canada, du Pérou et de Trinidad et Tobago – a tenu à faire passer le message que de nombreux pilotes perdent leur capacité en pilotage manuel (ou ne l’ont jamais atteinte) suite au fait qu’ils basent leur gestion du vol sur l’utilisation toujours plus accrue d’automatismes de plus en plus sophistiqués.
Ces derniers ont initialement été conçus pour prévenir les erreurs de l’équipage mais quand
ils ne sont plus opérationnels, ils placent les pilotes dans une situation mal connue, peu ou pas pratiquée, voire inconnue. Ainsi, en cas d’urgence, l’équipage se retrouve non préparé pour la gérer.
D’où l’utilisation par la FAA du vocable « dépendance aux automatismes » afin de souligner
la nécessité de faire évoluer les standards de la formation, pour que les pilotes développent, acquièrent et maintiennent leurs compétences en pilotage manuel. ♦♦♦
Photos © F. Besse / aeroVFR.com
Lien vers le document de l’OACI intitulé « Pilot training improvements to adress automation dependency ».