Une application mobile gratuite pour smartphone et tablettes afin d’améliorer l’anti-collision.
Ce 28 mars, une start-up belge lance officiellement son application utilisable par tous types d’aéronefs. L’idée de l’application SafeSky est « apparue suite au constat que l’essentiel de l’aviation générale n’est pas équipé de transpondeur ». Six pilotes français et belges considèrent que cette « invisibilité » génère « un stress immense auprès des pilotes, eux y compris » d’où l’idée d’une application mobile à concevoir pour visualiser les usagers du ciel autour de soi.
L’application, sous iOS ou Androïd, fonctionne sur smartphone ou tablette, soit un iPhone ou un iPad avec iOS 13 ou un smartphone ou une tablette Android version 7 Nougat minimum et 1,5 Go de RAM minimum. En vol, l’affichage d’un scope, avec différents cercles de distance autour de votre appareil, affiche une alarme jaune si un autre aéronef est à moins de 60 secondes et rouge à moins de 20 secondes. De plus, en cas de non visualisation de cet écran supplémentaire, l’application diffuse un signal d’alerte dans votre casque.
Une autre visualisation permet d’analyser le secteur avec une vision verticale, pour localiser les différents aéronefs à proximité. Les informations de trafic passent par le réseau mobile et ne nécessitent aucun flux de connexion supplémentaire. Durant le vol, votre position est émise en continu aux autres pilotes. Vous pouvez « voir et être vu » en temps réel afin d’anticiper et éviter tout risque de collision.
Pour les pilotes d’avions qui volent déjà avec un transpondeur ou les planeurs qui utilisent le système FLARM, il s’agit ainsi de proposer un complément d’information car actuellement ils ne sont visibles que par les pilotes disposant d’un équipement identique – à noter que le mode S n’est pas encore intégré dans les data utilisées par SafeSky.
Evidemment, ce n’est pas un radar et donc si un aéronef n’a aucun moyen de transmission à son bord (ADS-B, FLARM, OGN ou… SafeSky), ce trafic ne pourra être détecté et ne sera visible par aucun système anti-collision existant sur le marché. En cas de perte de signal d’un aéronef, SafeSky fait apparaître sur les écrans un cercle d’incertitude qui s’agrandit avec les secondes. Ce cercle gris informe de la position possible de l’aéronef tenant compte de sa dernière position et de sa vélocité. Dès que la connexion au réseau est rétablie, la position est corrigée.
Cette perte de signal peut arriver dans certaines zones sans couverture réseau, les zones blanches. Ce phénomène de perte de réseau se produit aussi lors des passages de frontière, suite au changement d’opérateur internet mobile. Ces pertes ne sont pas longues. Si la connexion internet est provisoirement perdue, le rond vert en sommet de l’écran passe au rouge pour informer le pilote de cette perte de signal. Les développeurs précisent que « des tests étendus sur tous les types d’avions ont montré une efficacité de couverture très élevée (moyenne supérieure à 90 %) dans tous types d’environnements, en plaine comme en montagne, ainsi qu’une consommation de data extrêmement faible ».
Les tests effectués ont démontré « une très grande efficacité jusqu’à des altitudes au-delà de 5.000 pieds en plaine ainsi qu’une excellente couverture en montagne grâce à la position élevée des antennes. Les couvertures moyenne des vols effectués dans nos phases d’étude sont de l’ordre de 93%, ce qui est prometteur pour le futur compte tenu de l’amélioration continue du réseau internet mobile en Europe et dans le monde » précise le communiqué. « Capable de transmettre sa position et récupérer les données de trafic grâce à un protocole extrêmement peu gourmand, SafeSky ne consomme qu’une infime partie du forfait internet mobile des utilisateurs. Une connexion 2 G suffit à partager les informations et une transmission de position tient sur 150 octet, soit 1 Mo pour à peu près 6 heures de vol. »
L’application a été testée en conditions réelles depuis novembre dernier, avec notamment des vols trans-frontaliers couvrant la Belgique, la France, l’Allemagne, l’Espagne, la Tchéquie, les Pays-Bas et le Luxembourg. 165 pilotes ont participé à l’amélioration de l’application, notamment à Cholet, Grenoble, Paris et Lille pour la France. 2.750 heures ont ainsi pu être enregistrées avec plus de 1.300 alertes de proximité créées avec tous les types d’aéronefs, du jet au parapente.
Pour l’heure, SafeSky n’est disponible sur App Store et Google Play que pour la France et la Belgique, avec comme objectif ensuite l’Europe entière. Le premier niveau proposé par SafeSky est gratuit offrant les fonctions suivantes : partage de sa position en vol, accès au trafic SafeSky & au trafic ADS-B, FLARM et OGN, configuration de votre aéronef, connexion avec la communauté SafeSky, ajout illimité de compagnons de vol, visualisation & localissation de ses compagnons de vol, vue en mode carte & en mode radar avec alertes, anonymat.
Un second niveau, baptisé Early Birds (24,99 €/an) donne les fonctions du niveau gratuit avec en plus : accès en avant-première aux nouvelles fonctionnalités, vol en escadrille, configuration illimitée d’aéronefs, envoi de messages intercom à vos compagnons de vol, localisation d’un appareil par son indicatif, participation directe au développement de SafeSky via un accès VIP sur le forum SafeSky, support par email…
Ainsi, SafeSky – dont les trois piliers reposent sur gratuité, inter-opérabilité et anonymat – entend apporter sa pierre à l’édifice de la sécurité des vols, arrivant sur le marché dans une période où la détection des autres aéronefs se développe via le concept de l’Electronic Conspicuity (ou eConspicuity). Son efficacité sera liée au nombre d’utilisateurs, en visant à créer une communauté, d’où la gratuité « pour éviter tout frein à son utilisation », ainsi que l’anonymat respecté. Les deux versions (gratuite et payante) proposent exactement le même niveau de sécurité, de transmission et de réception des données en vol. La différence principale provient de la gestion de ses « compagnons de vol » et l’aspect convivialité des vols en groupe. A évaluer en conditions réelles donc si vous le pouvez en ces temps de confinement Covid-19… ♦♦♦
Photos © SafeSky