Pas de SUP-AIP mais un simple Notam de FIR et un scénario à la Louis de Funès !
Il est assurément difficile de suivre au jour le jour l’évolution constante, temporaire ou pas, de l’espace aérien français, sachant que le « temporaire » est souvent très « élastique » dans la durée avant de devenir « définitif ». Un nouvel exemple peut être donné avec la nouvelle ZRT sortie du chapeau le 26 juin dernier et concernant le domaine de Chambord.
Il y avait déjà la R96 (SFC/1.300 ft AMSL) centrée sur le domaine de Chambord, apparaissant bien sur l’IGN OACI de 2025 et des années précédentes. Mais ce n’est pas le cas de la Zone réglementée temporaire (ZRT) active depuis le 26 juin dernier et ce, jusqu’au 15 avril 2026, date supposée de sortie des cartes IGN OACI édition 2026 avec le « nouvel » espace aérien selon l’Airac de mars 2026. La ZRT fait 2 nautiques de rayon, centrée sur le château.
Certes, on ne pourra contester cette ZRT « protégeant » l’un des châteaux les plus visités en France – comme c’est le cas pour d’autres monuments (exemple : 3.000 ft AMSL pour le mont Saint-Michel) – mais la mise en place de cette ZRT s’est faite de façon « discrète » et sans répondre aux « bonnes pratiques » en matière d’information aéronautique au 21e siècle dans un pays qui se prétend aéronautique. Aucun SUP-AIP ne mentionne cette ZRT alors que bien d’autres SUP-AIP annoncent des ZRT de durée plus courte. Pour trouver cette ZRT bientôt définitive, il faut en effet se reporter à un long Notam perdu dans les kilomètres de Notam de FIR. En faisant une requête sur Blois-Le Breuil (LFOQ) seulement, ce Notam n’apparait même pas alors que le château est à 25 km à vol d’oiseau. Par contre, on vous prévient de parachutage sous voile à Romorantin à 55 km de Blois ! Mais quelle misère l’information aéronautique…
Il semblerait que l’élaboration de ce Notam se soit faite dans la précipitation, la DSAC Ouest devant répondre soudainement à une demande sans aucun doute issue du domaine de Chambord via la préfecture – le préfet après avis de la DSAC Ouest et le directeur de Chambord peuvent en effet autoriser le survol du site par des aéronefs… – les délais alors impartis « expliquant » l’absence de SUP-AIP dont la réalisation de l’idée à la publication nécessite a minima plus de 2 mois !
Les usagers de la plate-forme de Blois-Le Breuil – comme s’ils étaient les seuls à être concernés en métropole… – ont cependant eu droit à une information du directeur de l’aérodrome le 19 juin, une semaine avant l’activation de la ZRT. On ne sait si des échanges ont eu lieu sur le sujet entre le préfet de Loir-et-Cher, Xavier Pelletier, et Catherine Lhéritier, première vice-présidente du conseil départemental de Loir-et-Cher, en charge de l’attractivité du territoire, du tourisme et de… l’aérodrome Blois-Le Breuil en tant que présidente de la SemOp Aérodrome Blois-Le Breuil gérant l’aérodrome.
La décision du « ministre de l’aménagement de territoire et de la décentralisation », en date du 26 juin dernier, évoque comme raison le fait « d’assurer la sécurité aérienne sur le domaine de Chambord » mais sans évoquer la moindre étude d’analyse des risques ? On notera que les aéronefs en procédures aux instruments RNP 30 à Blois-Le Breuil sont exemptés de respecter cette ZRT ainsi que les avions militaires, avec notamment un « tuyau » du RTBA passant à très faible distance du château de Chambord, pouvant ainsi descendre à 800 ft/sol si besoin… Et si prochainement, tout château bénéficie d’une ZRT de 2 nautiques de rayon, il va devenir difficile de naviguer dans le secteur avec tous les châteaux de la Loire ! La carte ci-dessous montre bien l’extension du cercle en passant de la R96 à la ZRT.
Ah ! Au fait, la demande initiale de cette « bulle » proviendrait du directeur général du domaine national de Chambord, Pierre Dubreuil, nommé en conseil des ministres en janvier 2023 par l’Elysée, d’où le fait que « certains » ont voulu faire du zèle. On a du mal à y croire mais il semblerait bien que le directeur de l’aérodrome ait été convoqué par la gendarmerie locale le samedi 28 juin pour signer la « prise de connaissance » du Notam !
Le dimanche 29 juin vers 15h00, c’était au tour d’usagers de la plate-forme de recevoir un appel téléphonique de la gendarmerie pour être convoqués à venir immédiatement signer au commissariat la notification de prise en compte de cette nouvelle ZRT ! Des dirigeants de société et d’aéro-club basés ainsi qu’un propriétaire privé ont refusé de se déplacer.
Un prochain remake des « gendarmes » à la façon Louis de Funès ?
Mais dans quel monde vivons nous ? ♦♦♦