Près des gros aéroports et des grandes villes, une attention particulière doit être portée au respect de l’espace aérien…
En moyenne, la Direction des services de la Navigation aérienne (DSNA) relève chaque année environ 500 pénétrations non autorisées en espace aérien contrôlé (EAC), avec parfois un impact important sur le trafic commercial quand un VFR arrive de façon impromptue dans les axes d’approche… Le « filet » informatique du code 7000 affiché par l’aéronef sur le scope permet heureusement au contrôle aérien d’éviter tout risque mais cela complique leur tâche et peut aller jusqu’à la remise de gaz d’un « liner »…
Sur la base de chiffres datant de 2014, toutes les régions françaises sont concernées mais le trio de tête est représenté par la région PACA (21% du total), la région lyonnaise (17%) puis la région parisienne (16%). Ce trio n’est pas étonnant quand on prend en compte les conditions météorologiques régnant sur le pourtour méditerranéen et favorisant le tourisme aérien dans un secteur où l’espace aérien est superbement complexe, notamment si l’on pratique les basses couches…
Le secteur lyonnais bénéficie également d’un espace aérien complexe (classes C et D), avec selon les conditions météo, un passage obligé par le couloir rhodanien pour les aéronefs en transit du nord au sud ou en sens inverse. Pour la région parisienne, pas besoin d’évoquer les multiples espaces aériens entourant la capitale avec des planchers-plafonds qu’il est parfois difficile de trouver rapidement sur la 1/500.000e IGN/OACI, imposant l’usage de la 1/250.000e plus pratique dans ce domaine. Avec 12% des aéro-clubs en Ile-de-France (78 répartis sur 18 terrains), représentant 19% des pilotes avion, l’activité y atteint quasiment le quart des heures de vol nationales (22%).
D’où les « points critiques » en région parisienne mis en avant par la DSAC Nord lors de la journée d’information du 18 novembre dernier. On y trouve ainsi le terrain d’Etampes-Mondésir (LFOX), peu visible quand on arrive du nord ou de l’ouest, la ville étant alors partiellement cachée dans une vallée. De plus, le terrain semble perdu dans les champs de la Beauce laissant l’impression d’être sorti – enfin… – de l’espace aérien parisien. Le nombre de transits enregistrés avec pénétration sans contact radio dans le circuit de piste va entraîner la création d’une RMZ (zone avec obligation d’un contact radio). Les « intervenants » sans contact radio seront-ils ainsi diminués en nombre ? Désormais, ils seront surtout en infraction…
A Pointoise-Cormeilles-en-Vexin (LFPT), l’aérodrome « bénéficie » d’une CTR et d’une TMA dont les plafonds et les limites sont différents… De plus, il peut y avoir des approches IFR sur plusieurs QFU. Même si la vigie bénéficie d’un report de radar, 18 pénétrations de trafics VFR sans contact radio ou sans clairance ont été notées durant ces 6 derniers mois. Au-delà du rappel à faire aux pilotes du secteur (et les autres !), transitant notamment d’est en ouest pour faire le tour de Paris par le nord, de bien analyser les espaces aériens sur leur route et de réaliser une prépavol soignée, la TMA sera modifiée dans sa partie sud dès l’an prochain.
La zone R275 centrée sur la capitale (classe A), associée à la TMA parisienne et son « gâteau d’anniversaire » à l’envers, connaît également des pénétrations non souhaitées. Sont notamment cités les secteurs Pontoise/Le Plessis-Belleville où le transit peut se faire à proximité de la zone parisienne. Il y a aussi le secteur Lognes/Chelles/Meaux à proximité toujours de la zone parisienne et les arrivées au Bourget. Enfin, le secteur Meaux/Le Plessis-Belleville passant sous les finales de Roissy-CDG…
Le scénario type peut être une navigation en retour vers la région parisienne, avec une mauvaise identification du point de descente pour suivre le « gâteau d’anniversaire » à l’envers, afin de descendre progressivement selon les plafonds des volumes autorisés, mais ce peut être aussi des trajectoires effectuées au plafond… exact de l’espace aérien autorisé. Si la classe A débute à 1.501 ft, ce n’est peut être pas la peine d’imaginer vouloir croiser à 1.500 ft car à la moindre échappée dans le plan vertical, c’est l’entrée instantanée en classe A ! Une marge de 200 à 300 ft doit laisser le temps de respirer… Cela s’appelle prendre des marges !
A la DSAC Nord, on note que les pilotes auteurs de telles pénétrations non autorisées en espace aérien contrôlé ont effectué une prorogation satisfaisante auprès d’un FI mais bien souvent, en maniabilité seulement, avec une dégradation dans le temps de leurs capacités
à naviguer avec précision, l’usage d’un GPS pouvant ne pas toujours être suffisant…
D’où la recommandation faite aux instructeurs de vérifier également le niveau de capacité
à naviguer. ♦♦♦