Evaluation et analyse des risques de l’aviation civile pendant la période de faible activité 2020
La DSAC a souhaité identifier en détail comment la crise sanitaire de 2020 avait affecté le niveau de sécurité de l’aviation civile en France. À travers le prisme d’une cartographie des menaces dérivée de travaux de l’EASA, elle a étudié la période de mai à octobre 2020 en agrégeant les informations issues de la surveillance, de l’examen des indicateurs nationaux de sécurité et d’une analyse fine de 8.000 comptes rendus d’événements notifiés par les divers opérateurs.
La méthodologie et les enseignements de ce travail sont présentés dans l’étude, et sont complétés par une série de recommandations s’adressant aux opérateurs. Certaines recommandations transverses sont applicables à tous les domaines, d’autres sont spécifiques aux domaines Transport aérien, Maintien de navigabilité, Navigation aérienne, Aérodromes, Assistance en escale, et Aviation légère. Il est demandé à chaque opérateur de prendre en compte tant les recommandations transverses que les recommandations spécifiques à son domaine.
L’étude (34 pages en téléchargement en fin d’article) vise notamment à :
– évaluer les risques pesant sur la sécurité, générés directement ou indirectement par les menaces issues de la crise sanitaire en cours,
– s’assurer que les opérateurs ont pris en compte l’ensemble des menaces qui les concernent,
– formuler des recommandations comme moyen de réduction des risques.
Des comparaisons entre des événements notifiés en 2020 et ceux enregistrés depuis 2016 ont permis de noter des variations notamment en matière de :
– Péril animalier : cet indicateur a subi la plus forte hausse, avec un taux triplé. Cette augmentation a été élevée de mai à juillet, juste après un premier confinement où le trafic avait été très faible ou absent.
– Approche non stabilisée ou non conforme : le transport aérien est visé avec des avions plus légers, la possibilité de raccourcir des trajectoires d’approche ou d’effectuer des approches à vue pour gagner du temps, voire la tentation de déconnecter les automatismes « pour garder la main ».
– Incursion sur piste : la majeure partie de l’augmentation de ces notifications concerne les aéronefs de l’aviation légère .
– Intrusion dans un espace aérien : il s’agit de notifications d’absence de contact exigible avant pénétration, avec une augmentation de cet indicateur due au non-respect de la réglementation par certains aéronefs d’aviation légère. Certaines régions, à forte activité Aviation légère, sont mises en avant, notamment le sud-est.
En mai et juin 2020, environ 15% des notifications ont été rattachées à la crise sanitaire alors que l’on n’en comptait que 4 à 5% en août, septembre et octobre. L’étude précise qu’une fois la période d’adaptation à la situation nouvelle passée, une partie des menaces a sans doute été résorbée et des mesures plus efficaces de réduction de risque peuvent avoir produit leurs effets. L’étude présente de nombreux scénarios d’événements notifiés par catégorie : système de management, performance humaine, formation et expérience récente, information non à jour, infrastructure et équipement, impact financier.
Des recommandations transverses sont faites dont l’incitation à partager des expériences (Rex) sur les risques émergents en lien avec la faible activité. Il faut s’attacher lorsqu’un lien a été identifié entre un événement le contexte de faible activité et/ou la crise sanitaire, à mettre plus précisément en évidence ce lien dans l’analyse transmise à la DSAC. La menace d’érosion des compétences doit faire l’object d’une attention particulière. Face à l’érosion constatée des compétences, le respect des procédures constitue une défense efficace.
Plus spécifiquement pour l’aviation légère, l’étude a montré que le risque de collision en vol ou au sol n’a pas diminué dans la période de faible activité. La DSAC attire l’attention des usagers sur le respect de la réglementation, notamment sur les contacts radio et l’allumage des transpondeurs. À cette fin, le portail Sécurité des vols (rubrique Culture aéro) contient de nombreuses ressources que les pilotes sont invités à consulter ou à relire, traitant en particulier de l’utilisation de la radio et du bon usage des espaces aériens.
L’étude montre que plusieurs axes d’amélioration doivent être pris en considération. La période de faible activité étant appelée à durer, la vigilance reste donc de mise… ♦♦♦