La procédure de sécurité proposée par Claude Vuichard.
Le concept n’est pas nouveau, puisqu’il remonte à quelques années en arrière, mais il mérite d’être rappelé ou (re)diffusé auprès des pilotes d’hélicoptères. Il s’agit de la procédure mise au point par Claude Vuichard pour sortir du « vortex » de son propre hélicoptère (VSC pour Vortex Ring State). Pilote d’hélicoptère depuis 1980, Claude Vuichard totalise aujourd’hui plus de 16.000 heures de vol sous voilures tournantes. C’est en 1987 qu’il a été confronté à un cas de vortex aux commandes d’un SA-315B Lama.
Ce phénomène de vortex peut intervenir lorsque l’hélicoptère, en descente sous pente plutôt marquée, rattrape son propre souffle rotorique, l’air rejeté vers le bas par son rotor principal pour le sustenter. L’hélicoptère se retrouve ainsi dans une « bulle » ou un « anneau tourbillonnaire » sans pouvoir générer une portance suffisante. Le rotor n’est plus traversé par un flux d’air, les pales du rotor sont aux limites du décrochage. Le taux de chute augmente et cela peut très mal finir…
La procédure admise jusque-là est alors d’accentuer la trajectoire vers l’avant, tout en descendant, pour se sortir le plus rapidement du vortex. Avec une certaine inertie sur l’axe longitudinal pour accélérer tout en consentant une perte de hauteur… Mais dans certains cas, notamment lors d’approches vent dans le dos, l’hélicoptère peut ne pas réussir à sortir de sa « bulle » de turbulence ainsi générée, avec un appareil au pilotage devenant instable jusqu’à la perte de contrôle.
La procédure de sortie du vortex mise au point par Claude Vuichard repose sur plusieurs actions à réaliser :
– augmenter le pas collectif pour obtenir la puissance maximale.
– simultanément contrôler au palonnier le cap et appliquer du cyclique (15 à 20° d’inclinaison) pour obtenir un mouvement latéral pour quitter le vortex, vers la droite pour les rotors tournant en sens contra-horaire, vers la gauche pour les rotors tournant en sens horaire.
– dès que le rotor atteint la partie au vent du vortex, la procédure de secours est achevée. La perte de hauteur durant cette procédure peut ainsi n’atteindre que 20 à 50 ft.
Après avoir évalué sa procédure sur Lama, Claude Vuichard l’a utilisée sur d’autres hélicoptères, avant de la faire découvrir aux instructeurs qu’il a formés pour le compte de l’Office fédéral de l’aviation civile (OFAC, la DGAC helvétique) en tant qu’instructeur et examinateur. Cette procédure se répand alors progressivement en Suisse.
Il faudra attendre 2011 – soit près de 25 ans… – pour qu’elle connaisse une diffusion internationale, quand son « inventeur » en a fait la démonstration à Neuchatel à Tim Tucker, chef-pilote de Robinson Helicopter, lors d’un stage de sécurité. Robinson Helicopter modifiera fin 2013 ses manuels de vols des R-22 et R-44 pour retenir la méthode suisse, alors baptisée du nom de son « inventeur » – le tout avec l’aval de la FAA. À la retraite, Claude Vuichard a entre-temps fondé la Vuichard Recovery Aviation Safety Foundation pour diffuser cette technique via des stages afin de maîtriser le phénomène, en conditions VFR ou IFR. ♦♦♦
Photos © Fondation Vuichard
Une vidéo à découvrir…
https://youtu.be/HjeRSDsy-nE