Deux ou trois informations importantes sur le sujet…
Sur le site de la Direction de la circulation aérienne militaire (DIRCAM), il est toujours intéressant de consulter le bilan annuel du Réseau Très Basse Altitude (RTBA) de l’année précédente, tel que dressé par le Groupe permanent pour la sécurité de la gestion du trafic aérien (GPSA) de l’armée de l’Air et de l’Espace. Pour l’année 2024, il a été finalisé lors d’une session en avril dernier. Il est téléchargeable en fin d’article.
On y note que pour l’année 2024, 3.178 missions RTBA avaient été programmées dans tout le réseau mais une forte activité intervient dans la partie Est. Globalement, le nombre de missions RTBA augmente légèrement année après année, notamment suite à la baisse d’activité en opérations extérieures.
Le rapport rappelle aux équipages militaires qu’une notification d’événement, avec leur témoignage et leur perception de la situation (acquisition du visuel, information de trafic, qualité des communications radio, etc.) permet de mieux comprendre l’événement survenu et de poursuivre ainsi les actions de sécurisation du RTBA.
Panne de Sofia-Briefing, un risque majeur
En fin des généralités d’introduction du rapport, ce dernier évoque une panne de Sofia-Briefing fin 2024 dont voici l’intégralité du texte :
« Le 14 décembre 2024, le bureau Notam a rencontré une panne ayant pour conséquence l’impossibilité pour les usagers de visualiser les Notam d’activation du RTBA. Ces Notam sont réglementaires et doivent être consultés par les pilotes lorsqu’ils préparent leurs vols. Le site Sofia-Briefing propose par ailleurs une carte AZBA (Activation des Zones Basse Altitude) permettant de visualiser les créneaux d’activation des tronçons du RTBA. Cette carte n’était pas disponible non plus du fait de la panne qui a duré jusqu’au 17 décembre ».
« C’est la première fois que le bureau Notam rencontre cette avarie. Le régulateur RTBA, implanté au sein du CDPGE (Centre de programmation et de gestion de l’espace aérien), s’en est rendu compte l’après-midi du lundi 16 décembre 2024. Le bureau Notam ne les avait en effet pas informés. Le RTBA a donc été activé le lundi 16 décembre, les Notam étant visualisables seulement le vendredi d’avant ».
« La panne a été identifiée et résolue. Bien que ses chances de nouvelle occurrence soient minimes, le retour d’expérience de cet épisode met à jour le besoin de mise en place de Mesures de réduction de risque (MRR). Le CDPGE a donc demandé au Bureau Notam International (BNI) le rajout de l’adresse du RTBA à une liste de diffusion pour les tenir informés de tout dysfonctionnement du système. Une vérification du bon fonctionnement du site Sofia-Briefing est par ailleurs effectuée tous les matins par le régulateur RTBA ».
« Au-delà du RTBA pour lequel cette panne représente un risque avéré sur la sécurité aérienne, il semble nécessaire de mettre en oeuvre une Mesure de réduction de risque (MRR) solide au niveau du bureau Notam afin d’informer les usagers mais également les gestionnaires d’espace d’une telle panne, essentiellement pour les zones basse altitude (non contrôlées) » (texte souligné en gras par la rédaction d’aeroVFR).
Voilà tout est dit, factuellement… Mais on peut rajouter que de telles pannes de Sofia-Briefing sont déjà intervenues par le passé. En oubliant les pannes côté Notam et en se focalisant uniquement sur les pannes liées au RTBA, merci à aeroVFR d’archiver pour documentation les « événements » précédents afin d’éviter les effets de la mémoire…
– 2019
Le 3 septembre, les cartes AZBA n’étaient plus affichées sur le site du SIA. Elles ne revenaient en ligne que le 11 septembre suivant, soit après 8 jours d’absence… mais elles redisparaissaient le 21 septembre pour revenir le 23 septembre !
– 2020
Le 3 février, c’était à nouveau l’indisponibilité des cartes AZBA et leur retour après 4 jours.
– 2022
Phénomène récurrent en septembre 2022
– 2025
En juillet, à nouveau un départ en vacances des AZBA…
Le bilan de l’année 2024
Le rapport souligne que le nombre d’événement notifiés par la partie militaire (14 Fiches de notification d’événements ou FNE et 6 ASR ou Air trafic Safety event Report) est en baisse par rapport à l’année 2023 (21 FNE et 9 ASR) mais un « nombre croissant d’événements a été reporté par la partie civile (18 FNE dont 12 non notifiés du côté militaire), principalement par le SIV de Bâle-Mulhouse » soit une « nette croissance du nombre d’événements reportés uniquement par les civils (12 en 2024 contre 3 en 2023). Cette évolution peut s’expliquer notamment par le fait que la partie civile a bien pris en compte les recommandations du précédent GPSA ».
Les statistiques 2024 font état de 14 événements mixtes notifiés par la défense contre 17 en 2023. Le total en 2024 est de 26. Toutes les intrusions notifiées étaient avérées. 14 (soit plus de la moitié des événements notifiés) étaient considérées comme dangereuses. Pour 12 intrusions, « la zone était active mais aucun chasseur n’était présent dans la zone ou à proximité du VFR ». De plus, « certains événements n’ont pas fait l’objet d’une notification par la défense, notamment en raison d’une non-connaissance des faits par le contrôleur de la défense ».
Au chapitre « Analyse des causes liées à la gestion du vol des usagers civils », le rapport rappelle que « les équipages évoluant en VFR doivent obligatoirement préparer leurs vols en consultant l’activation du RTBA. Cette prise d’information peut être effectuée par le biais de la consultation des Notam et des cartes AZBA, disponibles sur Sofia-Briefing » (voir plus haut…).
Le rapport évoque différentes causes des événements dont « certaines sont récurrentes. La mauvaise préparation du vol reste l’une des causes principales des intrusions. Elle concerne en effet 15 des 25 événements notifiés en 2024. L’autre cause principale des intrusions est la conduite inadéquate du vol par le pilote (16 événements) » – erreurs de navigation, oubli d’activation des zones, évitement d’une couche nuageuse, mauvaise gestion des instruments de bord. Chaque pilote impliqué dans une intrusion « doit s’engager à effectuer un Rex dans son aéro-club pour sensibiliser l’ensemble des pilotes ».
Cartographie des événements 2024
La « majorité des événements notifiés se trouve concentrée au niveau des différentes zones composant la R45 et principalement dans la R45S2 et la R45S3 » (image d’ouverture). La majorité des activités sont réalisées dans ces zones. De plus, la « configuration géographique de ces zones (présence de relief montagneux) dont certaines vont jusqu’au sol, implique une mauvaise couverture radio à certains endroits, ou parfois la présence de nébulosités difficiles à contourner pour les pilotes ».
Le rapport précise aussi que « le Conseil national des fédérations aéronautiques et sportives (CNFAS) est toujours en attente de la publication des zones de passage recommandées. Cette publication pourrait entraîner une diminution du nombre de pénétrations dans le RTBA ». En effet, ces zones de passage recommandées pour traverser le RTBA faisaient partie des « promesses » lors de l’agrandissement en hauteur et en largeur du RTBA, sujet déjà évoqué ici et là.
Parmi les recommandations du rapport, figurent la poursuite de la communication vers les pilotes VFR au sujet des spécificités du RTBA et l’interdiction formelle de pénétrer toute zone active. Les pilotes sont encouragés « à prévoir une navigation alternative en cas de circonstance non prévue (clairance de pénétration de zone refusée, dégradation météorologique plus rapide que prévue, etc.) ». Il est rappelé enfin qu’il est de la responsabilité des pilotes d’éviter les zones et non celle des SIV. ♦♦♦
Rapport RTBA 2024 en téléchargement (19 pages) :
RTBA2024