En résumé : 270 constructeurs et 3.000 appareils présentés en 700 pages…
Marc Ranjon est connu pour sa carrière dans le milieu aéronautique, notamment comme pilote dans l’Aéronavale mais aussi chef-pilote du club vélivole au Blanc, puis importateur
de différentes machines volantes (avions et planeurs) avant de devenir patron de la société Centrair, période ASW-20F, Pégase et Marianne, puis comme expert notamment auprès
des assureurs.
Mais ces dernières années, il s’est lancé dans une série d’ouvrages sur les constructeurs
de l’aviation générale. Le dernier, récemment paru, est intitulé « Encyclopédie Aviation générale », avec l’objectif de présenter tous les avions produits depuis 1945. Ainsi,cette encyclopédie Aviation générale va beaucoup plus loin qu’une première encyclopédie éditée en 1998 par M. Ranjon, désormais épuisée et limitée aux seuls monomoteurs…
Cette fois, le terme « Aviation générale » est pris au sens très large puisque les appareils traités vont jusqu’aux avions de ligne en version Corporate pour un usage personnel (Airbus et Boeing en tête) via les jets d’affaire et les multiturbopropulseurs. Les pistons – du monoplace léger au bimoteur de 19 places en passant par les turbopropulseurs de travail aérien ou de lutte anti-feu, voire des motoplaneurs ou planeurs à dispositif d’envol incorporé – prennent cependant la majorité de la pagination, qu’il s’agisse d’appareils certifiés en VLA ou CS-23.
Si les ULM, appareils de construction amateur ou en kit ne sont pas évoqués (encore que l’on trouve le Bébé Jodel pour évoquer les gammes Jodel), on trouve ici ou là des appareils à usage militaire même s’ils ne sont pas (encore) passés aux mains de pilotes civils.
Certains appareils ont connu des carrières mouvementées avec une production sous différentes marques et c’est la dernière qui a été retenue dans l’ordre alphabétique de présentation des constructeurs même si les précédentes sociétés sont parfois listées avec
un renvoi vers la dernière dénomination. Ainsi, il ne faut pas chercher les Rallye chez
Morane-Saulnier ou les TB chez la Socata mais à la page de Daher.
Il faut avant aussi préciser que l’ouvrage ne comprend pas les trois « majors » de l’aviation générale américaine des Trente Glorieuses car ils ont déjà été traités sous une approche similaire, par le même auteur – à savoir, Piper, Cessna et Beechcraft – sinon le total aurait allègrement dépassé les 1.000 pages… Mais une courte présentation est cependant présente avec la mise à jour des appareils en cours de production ou arrêtés depuis. L’ouvrage n’aborde pas plus les hélicoptères de 1945 à nos jours faisant également l’objet d’une encyclopédie signée Marc Ranjon et éditée l’an passé.
Après un sommaire étalé sur 5 pages, les premières pages sont consacrées à la construction et aux équipements des avions, détaillant les technologies, le descriptif d’une cellule, les motorisations et les différents systèmes embarqués. Puis on s’attaque aux 700 pages présentant les différents constructeurs et leurs productions, soit 270 constructeurs et plus
de 3.000 appareils décrits et analysés, une liste quasi exhaustive des modèles avec leurs différentes variantes.
Chaque constructeur est présenté selon un schéma similaire, débutant avec le pays, les dates d’activité, les évolutions des dénominations et les dernières coordonnées (adresse, téléphone, site internet). Puis l’historique, plus ou moins loin, suit avant les différents modèles d’appareils. Ceux-ci sont classés par gammes avec l’historique de l’appareil, son descriptif et son comportement. Ce dernier point est une synthèse d’une prise en main de la mise en route au retour au parking. Un « avis de l’auteur » peut compléter la présentation, avec des conseils d’achat ou pas, les limitations de l’avion, l’usage recommandé, les points à vérifier, etc. – le tout issu de l’expérience acquise « sur le terrain » par Marc Ranjon.
Le tout est abondamment illustré, rendant la consultation de cette encyclopédie très agréable en piochant au fil des pages. On y trouve en effet des photos toutes en couleurs des modèles analysés, des photos de tableau de bord et/ou de détails, des tableaux résumant toutes les caractéristiques et performances des différents modèles. Au gré des constructeurs, l’iconographie fait encore souvent appel à des plans 3-vues, des écorchés et des vues d’artiste signées Christophe Verdier.
L’auteur reconnaît dans son avant-propos que des erreurs, des omissions ou des oublis ont
pu s’introduire mais même en se creusant les méninges, il est difficile de trouver des failles.
Tout au plus a-t-on trouvé le Desmond Norman NDN-1 Firecracker absent bien que construit à
4 exemplaires par le concepteur des Britten-Norman Islander et Trislander ! Au vu du temps pour mettre en forme une telle quantité de données, le contenu a sans doute été figé avant le SR22 G7 car le dernier modèle évoqué est le G6. On aurait aimé plus d’informations sur le
ML-145 Rubis (8 appareils produits) développé par la Scintex même si l’appareil est cité à la page des avions Piel. Pour le reste, le sujet a été bien « ratissé ». Exemple : l’unique Trago-Mills
SAH-1 britannique devenu FLS Sprint est bien évoqué malgré la faible poignée d’appareils diffusés. Il en est de même pour l’original Bellanca T250 Aries resté sans suite.
Une remarque : on aurait apprécié un index des noms des appareils, en plus du sommaire récapitulant les noms des constructeurs car il n’est pas toujours aisé de retenir le nom du producteur. Si l’on cherche l’Optica, il faut se souvenir que le constructeur est… Edgley, qu’il
faut aller à la page Gyroflug pour retrouver le Speed Canard et chez Héliopolis pour atteindre le Gombourya. Ou encore Morrissey pour le Varga Kachina.
Le seul point négatif que l’on ne peut éviter de mentionner ne concerne ni la forme ni le fond mais… le prix de vente de l’ouvrage. Si le fond est unique, la forme l’est aussi avec un format imposant (35 x 27 x 5 cm) et un poids (près de 5 kg…) à la hauteur des 700 pages, sans oublier
une reliure cartonnée, une couverture imprimée « mate » avec les avions en surimpression « brillante », une impression tout couleurs pour l’intérieur sur papier glacé de bon grammage et forcément un tirage réduit (diffusion en français oblige…) d’où le tarif de 285 €.
Ce montant élevé ne paiera assurément pas le travail de l’auteur, étalé sur plusieurs décennies d’archivage, ni la mise en forme en texte et images de cette synthèse unique en langue française et même dans la littérature en langue anglaise – des ouvrages en anglais passent
en revue les appareils actuellement en production souvent sans s’étendre longuement sur
les machines du passé. Cette encyclopédie a été éditée à compte d’auteur.
Si l’ouvrage vous intéresse mais que le tarif vous rebute, il ne reste plus qu’à laisser ouvert votre ordinateur sur cette page d’aeroVFR, peu avant votre anniversaire ou à quelques semaines des fêtes de fin d’année… car ce riche panorama de 80 ans de production de l’industrie de l’aviation générale en fait assurément le « livre de l’année » dans le domaine aéronautique. ♦♦♦
– Encyclopédie Aviation générale, par Marc Ranjon. Editions MGR Conseils. 700 p. 285,00 €.