Quelques précisions relatives au plan de vol et à sa clôture…
Le 191 – tout le monde le sait ou devrait le savoir ! – c’est le numéro d’urgence aéronautique, vous mettant directement en ligne avec l’Aeronautical Research Coordination Center alias l’ARCC, ou encore le Centre de coordination et de sauvetage aéronautique, localisé à Mont-Verdun, près de Lyon. Son mode de fonctionnement a déjà été présenté sur ce site avec notamment la mission Search and Rescue (SAR).
Ce numéro peut être composé par exemple par des proches n’ayant pas de nouvelles de l’équipage d’un appareil, avec ou sans plan de vol – le tout H24 et 365 jours sur 365. Au passage, à Mont-Verdun (BA942 de l’armée de l’Air et de l’Espace), on constate que le nombre de témoignages directs, formulés sur le 191, a augmenté cette année, au moins de 50% – chiffre à relativiser sans doute avec la pleine saison d’activité, surtout après le « creux » dû à la période Covid. A noter également, depuis le 10 juin dernier, lorsqu’un des opérateurs du SAR compose le numéro d’une personne, sur l’écran du portable de cette dernière s’affiche désormais « 191 », en lieu et place du 09 74 78 66 00 précédent qui pouvait alors être considéré comme un SPAM… L’objectif recherché à Mont-Verdun est une amélioration du taux de réponse au premier appel.
Exemple concrêt : un élève en navigation solo croit avoir bien clôturé avec un service d’information en vol (SIV/FIS) mais son message a été brouillé par un appel au même moment, il n’a pas reçu la confirmation du contrôleur de quitter la fréquence mais, de lui-même, persuadé d’avoir clôturé, il bascule sur une autre fréquence avec 7000 au transpondeur.
Le contrôleur, l’appelant quelques minutes plus tard, sans réponse, va enclencher un processus d’incertitude sur le devenir de l’appareil. Le Mont-Verdun sera alors contacté, la recherche lancée avec les autres organismes du contrôle à proximité susceptibles d’avoir été en contact avec le pilote. Le processus ira jusqu’à remonter la piste via l’immatriculation de l’aéronef, retrouver l’aéro-club, téléphoner pour avoir des informations sur le vol prévu, etc. D’où un possible appel du 191 en premier appel…
Pour le LCL Alexandra Milleri, commandant en second de l’ARCC Lyon, il est constaté ces derniers temps « une recrudescence de non-clôture de plan de vol ». Et de préciser : « Un des points que j’identifie est la confusion du pilote sur un point de réglementation : la clôture en fréquence avec un organisme de contrôle et… la clôture du plan de vol ». En effet, « si le pilote ne dit pas distinctement qu’il clôture son plan de vol en fréquence, le controleur ne le fera pas. Le cas est récurrent lorsqu’un pilote, qui arrive en finale sur un terrain non contrôlé, est en fréquence avec un organisme de la CA (contrôlé donc), il est autorisé à procéder sur un VOR-DME ou à vue par exemple, et puisqu’il passe en espace aérien non contrôlé (EANC), il est libéré par le contrôleur pour poursuivre sa phase de finale et d’atterrissage ».
« Or, à ce moment là, clôturer en fréquence ne signifie pas clôturer son plan de vol. En effet,
le pilote peut vouloir continuer de bénéficier du service d’alerte selon les délais consacrés en conservant son plan de vol jusqu’au toucher des roues – ce que nous conseillons au regard du taux d’incident/accident constaté lors de cette phase d’atterrissage, toujours délicate – mais il peut aussi demander de clôturer son plan de vol au contrôleur avant de quitter la fréquence (c’est son droit). Il bénéficiera toujours du service d’alerte, mais le délai de déclenchement de l’alerte sera aléatoire puisqu’il ne sera plus lié à son ETA » – en général, via un témoin, ou suite à une inquiétude des proches.
Et l’ARCC de sensibiliser les pilotes sur ce point réglementaire « car il nous génère beaucoup d’alertes inutiles et des investigations qui parfois engendrent l’engagement de moyens d’Etat qui ne le nécessitent pas » et au regard de la conjoncture actuelle, il semble « indispensable de préserver nos moyens de secours au strict nécessaire pour continuer de bénéficier d’un haut niveau de moyens ».
Profitons de cet article pour préciser qu’il est possible de clôturer en vol un plan de vol avec
un organisme de la circulation aérienne sauf s’il s’agit d’un vol ayant compris un survol maritime. Ainsi, au retour en métropole en provenance de Corse (exemple…), il ne sera pas possible en vol de clôturer son plan de vol tout en visant un aérodrome non contrôlé comme terrain de destination. Une fois au sol, il restera donc au pilote à clôturer son plan de vol par téléphone avec le 0810 IFR VFR (ou 0810 437 837 à mettre dans ses contacts) qui vous met
en relation avec le BNIA de Bordeaux-Mérignac.
Rattaché au Service de l’information aéronautique (SIA) depuis le 1er avril 2021, le Bureau National d’Information et d’Assistance aux vols (BNIA) a pour vocation d’aider « à la préparation du vol en fournissant aux pilotes l’information aéronautique (routes, espaces, rédaction
plan de vol, niveaux de vol, etc.). Le BNIA traite et adresse tous les plans de vol de la métropole déposés par des outils spécifiques ou par téléphone et assure la diffusion de tous les messages associés à ceux-ci ».
Par contre, si votre destination finale est un terrain contrôlé, service de la circulation aérienne actif, en pratique, vous n’avez pas besoin de clôturer votre plan de vol. Il suffit de rappeler à l’arrivée que vous êtes sous plan de vol et une fois l’aéronef au sol, le contrôleur clôturera de lui-même le plan de vol puisque le vol a été nominal, l’appareil étant attendu. Au parking, avant de quitter, l’erreur étant humaine, il n’est pas interdit de demander la confirmation que
le plan de vol a bien été clôturé ! Enfin, sur son plan de vol, il est par ailleurs vivement recommandé d’indiquer votre numéro de portable en case 18 (Remarques), permettant que l’on vous appelle en cas de doute ou de bug de transmission… ♦♦♦
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