
La réponse de l’IAOPA-Europe au cas où…
Utilisés jusqu’à présent, les extincteurs au halon ne seront plus autorisés à partir du 1er janvier 2026. La Commission européene a décidé de bannir ce type d’extincteur au composé chimique halogéné bromé qui peut causer des brûlures et/ou… des engelures. Le gaz conservé sous pression peut exploser sous l’effet de la chaleur. Les gaz sont toxiques.
A cette occasion, l’IAOPA-Europe a diffusé ces dernières semaines le texte ci-dessous repris intégralement :
« À compter du 1er janvier 2026, toutes les exemptions restantes pour les extincteurs au halon dans l’aviation européenne prendront fin, et la Commission européenne a confirmé qu’aucune prolongation ne serait accordée. Cela place de nombreux propriétaires d’avions dans une situation difficile, car la seule alternative approuvée, le halotron, n’est pas disponible en quantités suffisantes sur le marché. De plus, les compagnies aériennes se disputent les quelques extincteurs disponibles sur le marché, ce qui fait grimper les prix à des niveaux disproportionnés, entre 2.000 et 4.000 € pour un seul extincteur.
Si vous ne parvenez pas à vous procurer un extincteur Halotron avant la fin du mois de décembre, il n’existe pas vraiment de solution satisfaisante. Nous avons toutefois essayé de présenter quelques informations utiles qui peuvent aider les propriétaires d’avions à décider eux-mêmes de la meilleure marche à suivre.
Avions dont la masse maximale au décollage est inférieure à 1.200 kg
Si vous pilotez un avion ELA1 (masse maximale au décollage inférieure à 1.200 kg), vous disposez de plus d’options, car les extincteurs ne sont pas obligatoires selon la réglementation européenne NCO.IDE.160. (Ndlr : certains constructeurs prévoient un tel équipement en option et il faut alors espérer que les utilisateurs ne l’ont pas mis dans leur MEL comme un No Go
s’ils ont eu la mauvaise idée de déposer une MEL pour un monomoteur léger…).
Cela signifie que vous pouvez légalement retirer l’extincteur au halon de l’avion à condition qu’il ne fasse pas partie de la certification de l’avion, ce qui est le cas pour la majorité des avions de l’aviation générale en service. En pratique, vous pouvez vérifier dans le manuel d’utilisation de l’avion (AFM) si l’extincteur est répertorié comme un équipement facultatif ou obligatoire. Cela signifierait que vous voleriez sans extincteur. Vous seriez en règle, mais ce n’est certainement pas une solution idéale. Pour compenser l’absence d’extincteur au halon, vous pourriez envisager d’emporter un extincteur de voiture dans votre sacoche. Vous seriez toujours en règle et un peu mieux équipé en cas d’incendie, mais ce n’est certainement pas idéal. Tous les types d’extincteurs courants présentent de sérieux inconvénients lorsqu’ils sont utilisés dans l’espace confiné du cockpit d’un avion.
Un extincteur à CO2 élimine l’oxygène et présente un risque élevé d’asphyxie pour les occupants. Un extincteur à poudre est très corrosif, donc s’il est utilisé à l’intérieur d’un avion, celui-ci sera presque certainement déclaré irréparable. Un extincteur à eau ou à mousse est loin d’être idéal pour les incendies électriques et pourrait détruire votre avionique.
Même les nouveaux extincteurs au halotron ne sont pas recommandés ni sans danger pour
la santé dans un petit cockpit. De plus, lorsqu’il s’agit de déterminer la meilleure marche à suivre, il convient également de noter que l’utilisation d’un extincteur dans un cockpit est extrêmement rare. L’EASA a examiné tous les incidents liés à des incendies et à de la fumée à bord d’aéronefs ELA 2 au cours de la dernière décennie. Seuls trois cas ont été enregistrés, dont deux dans des montgolfières, et aucun n’a entraîné de blessures graves. Les incendies dans le cockpit des avions légers conventionnels sont extrêmement rares. Lorsqu’ils se produisent, ils ont tendance à prendre naissance dans le compartiment moteur ou les freins, où les extincteurs domestiques standard EN3 sont suffisants. Pour les problèmes liés aux batteries au lithium, un sac de confinement des incendies est une protection plus appropriée qu’un extincteur de cabine.
Aéronefs dont la masse maximale au décollage est supérieure à 1.200 kg
Si vous pilotez un aéronef dont la masse maximale au décollage est supérieure à 1.200 kg (Ndlr : et jusqu’à 2.000 kg), il n’existe aucun moyen légal de continuer à l’exploiter au cours de la nouvelle année sans installer un extincteur (Ndlr : l’extincteur est obligatoire sur ELA2). Il est toutefois intéressant de noter que le fait de conserver votre extincteur au halon ne signifie pas que votre aéronef est immobilisé au sol ou inapte au vol selon la réglementation européenne en matière d’aviation. L’EASA l’a clairement indiqué dans une communication publiée le 6 novembre dernier : « Une infraction au règlement (UE) 2024/590 concernant les extincteurs au halon à bord des aéronefs au-delà de la date limite prévue n’aurait pas d’incidence sur la navigabilité de l’aéronef. Le règlement (UE) 2018/1139 ne prévoit pas non plus de motifs qui obligeraient les États membres à immobiliser un aéronef pour non-respect de la date limite visée dans le règlement (UE) 2024/590. »
La manière dont les autorités géreraient un tel scénario pourrait varier d’un pays à l’autre. Comme mentionné précédemment, si vous pilotez un avion ELA1, vous aurez dans la plupart des cas la possibilité de simplement retirer l’extincteur et d’être en parfaite conformité avec
la loi (mais moins en sécurité).
Comment s’équiper ?
Si vous parvenez à vous procurer un extincteur homologué pour votre aéronef, celui-ci peut dans de nombreux cas être installé conformément à la norme CS-STAN, en application des dispositions CS-SC108a ou CS-SC109a, qu’il s’agisse d’une installation existante ou nouvelle. Notez toutefois que, selon ces instructions, le nouvel extincteur doit être conforme à la norme ETSO-2C515 ou à des normes équivalentes, ce qui limite les options et rend très difficile la recherche d’un extincteur adapté avant la date limite. L’alternative à l’utilisation de CS-STAN serait un STC ou une modification mineure approuvée.
L’IAOPA Europe collabore avec l’EASA et la Commission européenne afin de garantir que les extincteurs utilisés dans le cadre d’opérations non commerciales relevant de la Part NCO puissent être considérés comme des équipements non installés, ce qui supprimerait la nécessité d’une certification spécifique à l’aviation. Compte tenu de la très faible incidence des incendies dans les cockpits, nous estimons que l’utilisation d’extincteurs Halotron-2 doit rester facultative. L’IAOPA Europe informera immédiatement ses membres de toute nouvelle évolution ».
Communiqué de l’IAOPA-Europe
On notera que la probabilité d’un incendie en cabine d’un avion léger est quasi-nulle.
Que l’installation d’un extincteur dans un ELA1 n’est pas obligatoire et qu’elle peut générer des contraintes (entretien, maintenance, etc.) disproportionnées par rapport à l’apport en matière de sécurité, son utilisation en espace confiné ajoutant des risques.
Pour les ELA2, la suppression des extincteurs au halon engendre un problème de disponibilité de solutions de remplacement (offre insuffisante, tarifs prohibitifs) alors que des solutions alternatives pourraient buter sur le mur de la certification malgré le choc de simplification vanté par l’EASA pour une aviation générale plus simple, moins coûteuse et plus sûre… ♦♦♦
Illustration © IAOPA Europe
