
Diagnostic : évolution très lente du « patient »…
Dans sa dernière lettre d’information, l’IAOPA-Europe aborde le « flou » entourant les efforts
en cours pour réformer les exigences médicales au niveau des pilotes de l’aviation générale.
Elle note que « tandis que l’EASA techniquement autorise les Etats-membres à accepter des certificats médicaux LAPL délivrés par des médecins généralistes, aucune Autorité nationale
n’a mis encore en place cette option, laissant les pilotes dépendant d’une liste de médecins aéronautiques de plus en plus limitée en nombre ».
Par ailleurs, « des discussions avec des dirigeants de l’EASA ont révélé des divergences
internes : certains appuient la proposition de l’IAOPA pour une auto-déclaration, tandis que les experts médicaux de l’agence demeurent sceptiques et insistent sur la nécessité d’une médecin (agréé). Une visite médicale par un médecin généraliste avec des standards adaptés est présentée comme l’évolution intermédiaire la plus réaliste ».
L’AOPA-USA précise que « des réformes similaires aux Etats-Unis ont exigé des décennies
de pression politique, pointant du doigt qu’une incapacité médicale dans les accidents
de l’aviation générale est extrêmement rare ». Aussi, l’IAOPA-Europe entend agir à la fois au niveau européen et au niveau des différents Etats-membres, pour clairement définir les problèmes auxquels font face les pilotes et mettre en place « un soutien politique pour surpasser cette résistance bureaucratique ».
On notera que la visite médicale LAPL est normalement un peu différente de celle de Classe 2 mais rares sont les médecins aéronautiques aptes à en définir les différences… Par ailleurs, avec des modalités de prorogation/renouvellement mises en place pour les médecins et jugées lourdes, il est vrai que la liste de médecins agréés (AME, Aero Medical Examiner) peut être courte dans certaines régions. Enfin, il est rare qu’un rapport du BEA mette en avant comme cause principale un problème médical. Tout au plus a-t-on parfois l’hypothèse émise d’un malaise mais sans certitude…
L’auto-déclaration se pratique déjà outre-Manche pour le LAPL, notamment pour les pilotes de ballons, ULM et planeurs (instructeurs compris), et sur la base de la visite médicale automobile (Groupe 1). Elle est limitée à la pratique dans l’espace aérien britannique sur des appareils immatriculés en Golf de moins de 2 tonnes. C’est encore le cas pour les instructeurs LAPL SEP/TMG avec une auto-déclaration à la place de la Classe 2 mais la CAA britannique a prévenu qu’elle allait revenir sur ce dernier point, en supprimant cette « dérogation » pour les instructeurs SEP/TMG afin de « protéger le standard du PPL Part-FCL et s’assurer que les stagiaires ont la possibilité de choisir des formations assurées par des instructeurs au médical certifié ». Cette évolution réglementaire n’est pas encore appliquée, une consultation devant avoir lieu très prochainement avec les parties prenantes. ♦♦♦
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